lundi 6 mai 2013

CROZÉ de la Roche

Ancienne famille originaire du Dauphiné, dont l'un d'eux vint s'établir près de Loudun au commencement du XVème siècle :
Au dit mois [octobre 1568], les sieurs Dacier, Dambres, Baudisne, Mouvans et Montbrun firent leur levée de Provençau, Languedochiens et Dauphinois, savoir : en Dauphiné VII régiments, Motbrun, Dauconne, Virieu, Saint-Romain, Blacons, Mirabel, du Chellard et Croze, montant LXXIIII enseignes de gens de pied et III cornettes de cavalerie légère. Raoul de Mouvans leva en Provence un autre régiment de X enseignes et II cornettes de cavalerie que menaient Vallanoy et Pasquiers. En Languedoc sous Baudisne, frère de Dacier, Dambres, La Mousson et Bouillargues, IIII régiments de XXXV enseignes et II cornettes. En Vivarais sous le vicomte de Panat et Pierre Gouge II régiments de XVIII enseignes et une cornette. Et Changy mil harquebusiers. Tout les dessus dits faisant XX mille harquebusiers sans les longs bois et hallebardiers, et VIIIe chevaux. Lesquels, deux ou trois jours après la défaite de Mouvans, se joignirent avec les troupes du prince de Condé.
Journal de Généroux, Mémoire de la société statistique des Deux-Sèvres, 2ème série, tome II, 1862
CROZÉ (Françoise), épousa, vers 1500, Guillaume Chauvet.
CROZÉ (Julien), eut de Marie Cochard : 1) Rachel, baptisée le 5 juin 1566 à Loudun.
CROZÉ (Mathurin), eut de son épouse Michelle Aubry : 1) Madeleine, baptisée le 27 mars 1567 à Loudun. 2) Marthe, baptisée le 25 janvier 1579. 3) Michelle, baptisée le 30 novembre 1581. 4) Charles, baptisé en octobre 1583.
CROZÉ (Jeanne), veuve de Blanc Lambert, vendit en 1571 la maison de Bourgneuf, près le faubourg de la porte de Chinon, à Loudun, à Charles de Chezelles.
CROZÉ (Pierre), a eu de Marie Jourdain, fille de Thomas, marchand mercier à Tours, et de Madeleine Leclerc : 1) Pierre, baptisé en mai 1601 à Loudun. 2) Françoise, baptisée en mai 1602 à Loudun. 3) Marie, baptisée en juin 1603 à Loudun.
CROZÉ (Rachelle), a eu de David Boutin, Charles Boutin, baptisé en mars 1602 à Loudun.
CROZÉ (Pierre), qui épousa, en 1637 à Loudun, Olga Bécasse. Un inventaire après décès est dressé en date du 1er novembre 1655, reçu par Aubert (4E/53/76), en présence de Marie, épouse de Pierre Boucher, Louise, Léa et René, tous enfants de Pierre et d'Olga Bécasse. Ils furent les parents de : 1) Renée, baptisé en mars 1622. 2) René, baptisé en novembre 1623. 3) Anne, baptisée en novembre 1624. 4) Guillone, baptisée en septembre 1626. 5) Marie, baptisée en juin 1628 à Loudun, fut l'épouse de Pierre Boucher. 6) Léa, baptisée en novembre 1629. 7) Louise, baptisée en juin 1631 à Loudun, qui fut l'épouse de René Champion, sieur de la Motte. Ce dernier, veuf, se remaria par contrat du 8 décembre 1669 (4E/53/100) avec Suzanne Moisan, fille d'Abraham et de Suzanne Angevin, sous l'autorité de son frère Abraham, sieur de Pré. Un inventaire après décès est dressé le 1er février 1670 (4E/53/313), en présence de Jean, Marthe et Léa.
CROZÉ (Jacquette), fut mariée le 13 novembre 1628, à Poitiers, par. Saint-Didier, à Soyer Forget.
CROZÉ (Nicole), veuve de Sébastien Patron, maître Savetier, épousa Antoine Moussé, marchand, fils de René et de Charlotte Pouthier, le 28 février 1631 à Poitiers, par. Saint-Didier et par contrat reçu par Pommeraye (notaire à Poitiers), en date du 26 avril 1631 (4E/27/84).
CROZÉ (Françoise), fut mariée, en 1633 à Loudun, à Gilles Dumaine, marchand.
CROZÉ (René), époux de Suzanne Jamineau. Ils eurent : 1) Suzanne, baptisée en août 1651 à Loudun. Tous trois sont présents lors du partage après décès de Michel Jamineau, en date du 16 février (en avril) 1663 (4E/53/400).
CROZÉ (Jacques), fut présent dans l'inventaire après décès de Nicolas Faligan et Madeleine Meschin, en date du 27 mars 1659 (4E/53/80). Marguerite Crozé, épouse de Martin Léger, fut également présente.
CROZÉ (René), époux de Marie Lesuire. Ils eurent : 1) René, baptisé en mai 1665. 2) Pierre, baptisé en avril 1667. 3) Daniel, baptisé en janvier 1670.
§ Ier.
1. — CROZÉ (N.), fut le père d'au moins : 1) Jacques, qui suit. 2) Pierre, sieur de la Ceuille, mort en février 1651 à Saint-Clair (Vienne), a priori sans postérité. Le partage après décès de ses biens fut reçu par Berthonneau (notaire à Poitiers) le 21 juillet 1651, en présence de Marthe et Marie, ses soeurs, et d'Isaac, son neveu. 3) Marie, qui était veuve de Jean Levieil, sieur de Vaumoreau, en 1651 (v. LEVIEIL). 4) Marthe, qui était veuve de Jean Pioger, ancien collecteur des finances du Poitou, en 1651, et était décédée avant 1656 (v. PIOGER).
2. — CROZÉ (Jacques), naquit vers 1575 à Loudun. Il vécut, dans son enfance, les excès des Ligueurs dans sa ville et vit ses parents chassés avec les autres familles protestantes et leur maisons pillées.  Ces tristes souvenirs, nous dit Auguste Lièvre, restèrent profondément gravés dans l'âme du jeune Crozé, et, longtemps après, il les rappelle à ses compatriotes en leur dédiant un de ses livres. Il fut pasteur de Civray de 1598 jusqu'en 1613 (peut-être jusqu'en 1620, d'après Augustin Bobe). Durant son ministère, il fait publier plusieurs livres, chez des imprimeurs à Niort (Deux-Sèvres), dont :
  • Quatre traittez par lesquels tous fidèles seront adressez à une vraye et saine cognoissance du Franc arbitre, de la Proedestination, des Affictions, et de la Vie Eternelle. Par Jacques Crozé Lodunois, Ministre du S. Evangile en l'Eglise reformée de Civrai. — Niort, René Troismailles, 1608, in-8° de 373 pp.
Les quatre traités réunis sous ce titre ont dû paraître isolément, en trois opuscules séparés, bien que dans ce volume la pagination et le numérotage des cahiers se suivent. Chaque traité a conservé son titre primitif, sa dédicace, sa table des matières :
  • Traitte du Franc arbitre, distingué en trois parties. En la première desquelles la saine et vraye doctrine est confirmée, etc. — 6 ff. prél. et 144 pp. Dédidé aux fidèles de l'Eglise Réformée de Civray. Civray, 15 octobre 1607.
  • Traitte de la predestination distingue en trois parties. En la premiere desquelles la Predestination est prouvée par l'authorité claire et luisante, etc. — 7ff. Prél. et 108 pp. Dédié à Gabriel de Sainte-George, seigneur de Vérac, baron de Couhé. Civray, 16 octobre 1607.
  • Deux traittez, un des afflictions, l'autre de la vie éternelle. — 3 ff. prél. et 64 pp. Dédié à M. de la Tousche, ministre de Mouchamps, beau-père de l'auteur. Bibl. de Niort, n°5674 s. En tête du volume, on trouve trois pièces de vers latins d'Isaac Cuville, pasteur de Couhé.
Sur les deux premiers sujets, ajoute Lièvre, l'auteur essaye de soutenir les doctrines de Calvin les plus difficiles, sans avoir, pour les rendre plus ou moins acceptables, la puissante dialectique du réformateur. L'année suivante, le sieur François de la Béraudière, abbé de Nouaillé (et futur évêque de Périgueux, de 1614 à 1646), chercha à provoquer une discussion publique, en conviant également le pasteur de Poitiers, Jacques Clémenceau. Selon toute apparence, il n'espérait pas cette conférence puisse se tenir, mais, le jour venu, il se fit excuser auprès du pasteur de Civray qui lui, s'était préparé au débat. Ce dernier, à son tour, le provoqua, l'abbé y mit des conditions qui dissimulaient mal un refus, et et préféra publier un pamphlet intitulé : « Adresse de salut pour les dévoyez de la foi ». Face à cette excuse pitoyable — un ramassis incohérent de textes des Pères, ajoute Lièvre — Crozé y opposa l'Écriture Sainte et publia les ouvrages suivants :
  • Le Juge des Controverses de ce temps ; distingué en deux  parties ; La première prouve que l'authorité souveraine doit estre assignée et résignée à la Seule Escriture, et non pas à la tradition des Pères, dérivée par succession de temps en temps en l'Eglise ; La seconde est un examen d'aucunes principales controverses insérées en la page suivante. Pour response à François de la Beraudière dit Sigon, Abbé de Nouaillé. Par Jacques Crozé Loudunois, Pasteur en l'Eglise de Civray en Poictou. — Niort, pour Jean Baillet, 1610, in-8° de 149 pp. Dédié à Jean Jousserant, seigneur de Lairé.
  • Esclaicissement général et particulier des sacremens, distingue en six livres, contre les erreurs et fourvoyemens des Heresiarches Sacramentaires de ce temps. Dédiés à mon Seigneur de Rahan. Par Jacques Crozé Lodunois, Pasteur en l'Eglise de Civray. — Niort, Jean Baillet, 1611, in-8° de 442 pp. et 20 ff. lim. pour le titre, la table, et une pièce de vers latins adressée à Crozé par A. Rivet.
Alors que fut bâti le temple à Civray, en 1612, M. de la Roche-Posay, évêque de Poitiers, envoya en fin d'année le Père Moquot, jésuite, prêcher la bonne parole à Civray et porter "secours fort nécessaire en ces quartiers, que l'Évangile réformé a corrompu plus que ne croiroyent ceux que Dieu par la grâce a préservez" (la communauté protestante à Civray comprenait entre 1/4 et 1/3 des habitants de la ville et des alentours). Étienne Moquot, originaire du Nivernais, était versé dans les langues grecque et latine. Il se montra un redoutable adversaire des hérétiques. Né vers 1571, il mourut le 6 novembre 1628 à Bordeaux, après avoir passé 32 ans dans les ordres. Toutefois, en cette fin 1612, durant trois dimanches, le jésuite Moquot chercha à préserver les ouailles contre la menace huguenote, allant jusqu'à critiquer ouvertement Le Juge des controverses. Le 26 décembre 1612, Crozé se révolta, notamment dans la postface de cet écrit :
  • Responce a six demandes proposees par le Jesuite Coton, à l'un des nostres, pour le divertir de la Foy. Item a une autre instamment requise par le Jesuite Moquot pour se depestrer de toute conference, en laquelle luy mesme s'estoit enlacé. Par Jacques Crozé Lodunois, Ministre de la parole de Dieu en l'Eglise de Civray. — Nyort, Jean Baillet, M.D.C.XIII, petit in-8° de 120 pp. A la suite, relié dans le même volume, sans titre à part, mais avec une pagination A. 1 à 8 : De l'édition, et version de l'Escripture, pour response à la demande de Moquot, Jésuite que, le ministre me monstre un passage évident dans l'A. ou N. Testament qui tesmoigne que la Bible françoise imprimée à Genève soit sans faute.
Moquot en eut connaissance et revint prêcher le 17 février suivant. Pendant six dimanches consécutifs, on se pressa autour du père Moquot, jusqu'à 2000 personnes, qui voulait établir que Crozé est "un menteur, faussaire de la parole de Dieu, ignorant et athéiste". La tension monte. M. Cacault de la Cotterie, lieutenant particulier (catholique) entend mettre de l'ordre dans sa ville et convie Crozé et Moquot à une conférence "aymable". Trois séances de rencontre ont lieu, les 25, 26 et 27 mars, sous conditions que des scribes soient nommés de part et d'autre pour rédiger un procès-verbal de séances, revêtu de la signature des parties. Les conférences sont publiques et en présence du magistrat. A la fin de la troisième séance, Moquot fait observer que le pasteur ne se conforme plus aux conditions arrêtées et qu'il n'y a rien à ajouter. Lacite, Crozé écrit alors en bas du procès-verbal de la séance : "approuvé la fuitte du jésuitte". Les catholiques ne veulent pas laisser signer "ceste menterie" et le 1er avril, une nouvelle sommation est envoyé à Crozé. Le pasteur soutient le lendemain qu'il a convaincu "de calomnie et d'ignorance le père Moquot qui, faussant sa foy donnée sans signer, s'etoit retiré avec honte et fuitte en outrageant à coups de poings et injures atroces un de la religion, homme d'honneur et de qualité, pour faire éclipser la conférence". Crozé se tient prêt à répondre aux accusations, mais l'"aymable" conférence en reste là, alors que les catholiques répondent que "la fausseté des coups de poing et injures atroces estoit aussi puante que pièce des précédentes". Le père Moquot n'en reste toutefois pas là. Il continue sa charge contre le pasteur en publiant, notamment, l'ouvrage suivant :
  • La fuite de Jacques Crozé, soi-disant ministre de Civray, avec l'analyste des syllogismes dudict Crozé, par les catholiques de Civray, témoins oculaires de la vérité de tout ce qui s'est passé tant ès sermons de leur prédicateur qu'en la conférence accordée audit Crozé. — Poitiers, pour Antoine Mesnier, 1613, in-12 de xx, 124 pp.
En réponse, Crozé fit publier ce dernier ouvrage :
  • Traicte de la perfection suffisante, clarté luisante, salutaire lecture et sommaire doctrine de l'Escripture, pour antidote aux sermons de Jesuite Moutcaut, qu'il a prononcez en la ville de Civray. Messieurs de l'Eglise Romaine de Civray. Par Jacques Crozé Lodunois, Pasteur en l'Eglise reformée de Civray. — Niort, pour Jean Baillet, 1613, 13 pp. in-8°.
D'après Augustin Bobe, en 1610, nous le trouvons possesseur de plusieurs métairies aux Pigeries, paroisse de Savigné. En mars 1677, nous trouvons les anciennes possessions que la Commanderie de Civray avait à Marigné, paroisse de Saint-Pierre-d’Exideuil, Savigné et Blanzay, consistant : en logis appelé l’Hôpital (nom générique des possessions de l’ordre de Malte), ainsi que plusieurs métairies en dépendant, autre logis au même lieu, appelé le Pavant, entre les mains dudit Hillaire Texereau, qui les tient des descendants du ministre Jacques Crozé et de son épouse. 
Il était marié à Madeleine de Losse, qui resta sa veuve, fille de Dominique de Losse, sieur de la Touche, chapelain de Catherine de Parthenay, et de Marie Moreau. Ils eurent au moins1 : 1) Isaac, qui suit. 2) Michelle, épouse d'Hélie Janneau, sieur de la Maisonneuve.
3. — CROZÉ (Isaac), sieur de la Roche. Le 8 mai 1653, Isaac Crozé et Michelle Crozé font transport à Hilaire Texereau, marchand à Marigné, d’une liasse de papiers concernant les biens acquis par ledit Texereau des héritiers de Jacques Crozé, ministre et Madeleine de Losse. Il laisse quelques autres actes notariés, passés devant Surreau, notaire à Civray :
  • compte entre Isaac Crozé et Isaac Bertrand, en date du 15 mars 1657 : Isaac Crozé demeurant au lieu des Moulins, paroisse de Bournand en Loudunais et Isaac Bertrand, maître apothicaire à Civray, règlent des obligations mutuelles.
  • une transaction entre Isaac Crozé et Pierre Arrondeau, en date du 18 mars 1657 : dans cet acte, Isaac Crozé, sieur de la Roche, fait comme père et loyal administrateur de ses enfants et de feu dame Jeanne Pontenier, sa femme, afferme à Jean Nicoulaut, la métairie du Coulombier, de la paroisse de Savigné. Pierre Arrondeau est laboureur à la dite métairie.
  • une acquisition pour Hillairet Texereau de Isaac Crozé, sieur de la Roche, en date du 28 avril 1659 : Isaac Crozé demeure en la ville de Saumur  et fait tant pour lui que pour demoiselle Marie Crozé, sa fille absente. Il vend des pièces de terres à Marigné, paroisse de Saint-Pierre-d'Exideuil, à Hillairet Texereau, marchand audit village de Marigné.
Il fut l'époux en premières noces de Jeanne Pontenier, puis de Gabrielle Carré. En 1657, il vivait à la Commanderie de Bournand (Vienne), puis il devint régent du collège de Saumur, de 1657 à 1663. De ses deux lits, naquirent au moins : 1) Marie, du premier lit, qui épousa Antoine Dunoyer, sieur des Brouhes (v. DUNOYER de Civray). Veuve en 1666, elle vécut jusqu'au XVIIIe siècle et fut inhumée le 27 octobre 1701 à Savigné. 2) Gabriel, du second lit, baptisé en octobre 1648 à Loudun. 3) Anne, baptisée en décembre 1650 à Loudun. 4) Jacques, baptisé en janvier 1656 à Loudun. Un Jacques Crozé est signalé réfugié aux Pays-Bas, après la révocation, il s'agit peut-être de celui-ci.
Sources : relevés sur le site Généalogies protestantes, section de LoudunDictionnaire historique et généalogiques des familles du Poitou, tome 2, p.754. Histoire de Civray, Augustin Bobe, communiqué par Alain. Mémoires de la Société statistique du département des Deux-Sèvres, 3ème série, tome VII, 1890. L'intermédiaire des chercheurs et curieux, tome 47, 1911.
Notes : 1— La bibliographie indique que Marie Croizé, qui épousa Jacques Fradin, sieur de la Roche-d'Orillac, d'après Augustin Bobe et Léon Faye, devait être une fille de Jacques Crozé. Cependant, le Beauchet-Filleau indique Marie Coignée ou Crozé, elle pourrait donc être une fille du précédent pasteur de Civray, le sieur Coignée, qui officia de 1584 à 1593.

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